lundi 6 mai 2013

Le style - Choisir des verbes expressifs



(Louis le Nain - La forge)






Essayez de rendre vos phrases plus précises, la lecture de votre
devoir plus agréable, en employant les verbes qui conviennent le mieux.




ÉLIMINER CERTAINS VERBES


Certains verbes sont employés dans des sens tellement différents qu’ils ont perdu toute signification particulière.

Supprimez-les et remplacez-les par des verbes expressifs.


1/ Evitez le verbe avoir (employé seul) :

exemple :

Il a un grand tablier de cuir noué à la taille....

Remplacez le verbe «avoir» par :

Son grand tablier de cuir, noué à la taille, et formant poche sur les genoux recueillela poussière. (Cercier et Sauvestre «Le bijoutier»)



2/ Evitez le verbe être.

La forge était à côté du marché couvert. Les jours de foire, elle était un lieu très animé.


Remplacez le verbe «être» par :

La forge se trouvait à côté du marché couvert. Les jours de foire, elle devenait un lieu très animé.



3/ Evitez le verbe faire.

Il faisait son métier comme au temps de son début.


Remplacez le verbe «faire» par :

Il pratiquait son métier comme au temps de son début. (P. Hamp)




4/ Evitez le verbe mettre.

Sur une litière de paille sèche et de fagots, Pouillaude avait déjà mis, les uns sur les autres, une dizaine de cercles de fer.


Remplacez le verbe «mettre» par :

Sur une litière de paille sèche et de fagots, Pouillaude avait déjà disposé, les uns sur les autres, une dizaine de cercles de fer. (R.M. du Gard)




5/ Evitez le verbe dire.

Le charron me dit les différentes opérations du ferrage d’une roue.


Remplacez le verbe «dire» par :

Le charron m’explique les différentes opérations du ferrage d’une roue.







EMPLOYEZ DES VERBES PRÉCIS

Certains verbes donnent une idée trop générale.
Remplacez-les par d’autres ayant un sens plus précis.


1/ Remplacez le verbe voir :

On ne distinguait rien. (E. Zola)

Dans la pénombre de la forge, on aperçoit des formes se démener autour de l’enclume.





2/ Remplacez le verbe manger :

J’apportais dans ma poche un morceau de pain dur avec un peu de fromage et jecassais la croûte, assis sur une pierre. (E. Guillaumin)

Après dix heures de travail harassant, ils dévoraient leur maigre pitance.




3/ Lisez quelques exemples de verbes précis :

Le charron se démenait autour de son bûcher délirant de flammes. Nicolas et Joseph se hâtent d’inonder la roue embrasée. Les garçons pataugent dans la boue.(R.M. du Gard)

En janvier, Firmin tranche bien net les brins d’osier flexibles. (J. Rogissard)

Le bois est plus dur que les pierres. On dirait qu’il tient tête à l’ouvrier et s’acharne à lui rendre la vie plus difficile. Baptiste l’attaquait comme un ennemi. (Ch. L. Philippe)






EMPLOYEZ DES VERBES AU SENS FIGURÉ

Pour éviter l’emploi des verbes trop courants, 
utilisez certains verbes au sens figuré. 
Les phrases sont ainsi plus alertes.


exemples :

Ce qui frappaient d’étonnement, c’étaient deux mains agiles, deux petites mains d’un rose pâli, effleurées par la lumière. (Estaunié «La Dentellière»)

Les bruits prenaient une sonorité rauque, sans un écho dans l’air mort. (E. Zola)

Il n’accusait point les clous de se tordre exprès, ni le bois de se fendre, ni le plâtre du mur d’éclater par morceaux. (J. Romains)

Ventajou jetait un coup d’oeil vers son feu, de temps à autre. (L. Massé)

Tout ce travail donne le spectacle de la force, de l’équilibre, de l’harmonie. (G. Duhamel)







PERSONNIFIEZ LES CHOSES


Pour varier un récit et lui donner un ton plus gai, faites agir les choses comme vous le feriez pour un animal ou une personne.

exemples :

Les tuiles volent de mains en mains sans jamais manquer le but jusqu’à venir s’entasser en bon ordre sur les lattes. (G. Duhamel)

Il est assis sur son tabouret et de ses doigts de fée, naissent des joyaux. (Cercier et Sauvestre)

On voyait de dessous son bras, d’entre ses jambes, d’une poche de sa veste, sortirun tournevis, une pince, un marteau... Soudain apparaissaient entre son pouce et son index le boîtier d’un double-mètre en métal élastique. (J. Romains)






 


Chez le maréchal


Le maréchal et son ouvrier, l’un soufflant sur la forge, l’autre battant le fer, jetaient sur le mur de grandes ombres brusques... De temps à autre, le travail paisible et régulier de la boutique s’interrompait pour un instant. Le maréchal laissait à petits coups pesants et clairs retomber son marteau sur l’enclume. Il regardait, en l’approchant de son tablier de cuir, le morceau de fer qu’il avait travaillé. Et redressant la tête, il nous disait , histoire de souffler un peu : «Eh bien ! ça va, la jeunesse ?». L’ouvrier restait la main en l’air à la chaleur du soufflet, mettait son poing gauche sur sa hanche et nous regardait en riant. Puis le travail sourd et bruyant reprenait. (A. Fournier «Le grand Meaulnes»)












EXERCICES


1/ Remplacez chacun des verbes en italique par un verbe plus expressif : 
enfourne, s’empilent, pose, sont accrochés, conseiller, tient.


Le maréchal met le fer rouge sur le pied du cheval.

Dans le fond de la maréchalerie, il y a des fers de toutes dimensions.

Au plafond de la boutique, il y a des sabots de toutes tailles.

Le boulanger met les pains dans le four.

Le menuisier dit à son apprenti de prendre des précautions pour se servir de la scie mécanique.

L’étameur a sa boutique en plein vent.



2/ Modifier les phrases suivantes pour éliminer les verbes avoir et être

exemple 

Le forgeron a un grand tablier qui le protège des étincelles.
Un grand tablier protège le forgeron des étincelles.


Le menuisier a des machines qui lui permettent de travailler plus rapidement.

Le boulanger a un mitron qui a vingt ans.

Le cordonnier a besoin d’un compagnon parce qu’il a trop de travail.

Le charron a un vaste atelier dans lequel il a plusieurs machines : une scie à ruban, une raboteuse, une toupie...

Le soudeur a des lunettes pour se garantir les yeux de la lumière éblouissante du chalumeau et des étincelles.




Rédactions :

1/ Vous avez bien réfléchi à la profession que vous exercerez à la sortie de l’école. Donnez les raisons qui vous l’ont fait choisir.


2/ Existe-t-il des métiers que vous connaissais et que vous ne voudriez pas exercer vous-même parce qu’ils vous paraissent trop pénibles, trop difficiles, ou que vous ne les aimez pas. Montrez ce qui vous déplait dans ces divers métiers.