Depuis longtemps, papa m’a promis de m’emmener à la chasse. Enfin, le jour tant attendu arrive. J’endosse pour la circonstance mon blouson de gros lainage marron, je chausse mes bottes de caoutchouc : il va falloir marcher dans la terre humide. Papa revêt sa tenue de chasse : brodequins et guêtres de toile, culotte de cheval, veste de velours à grande poche dans le dos. Sa cartouchière, bien garnie le ceinture. Le carnier sur le dos et son fusil, un seize à deux coups, sur l’épaule, le voilà prêt à partir. Rita, le petit cocker, trépigne de joie et saute à la porte de la cour.
Nous partons. Il est tôt, cependant, papa marche d’un bon pas. J’ai peine à le suivre, mais je ne voudrais pas le lui avouer. Rita ne perd pas son temps. Elle court en tous sens ; le nez bas, sa courte queue toujours en mouvement. Le gibier ne se montre pas...
Soudain, la chienne s’arrête. Papa se tient prêt à épauler. J’ose à peine respirer. Sur un signe du chasseur, Rita s’élance. Une volée de perdreaux s’enfuit en tous sens, le carnier restera vide. Il nous faut reprendre notre marche. A chaque instant, je crois apercevoir un lièvre, un faisan. Cette fois, j’en suis sûr ! C’est bien un lapin qui montre sa petite queue blanche. Malheureusement, il est trop loin et papa ne peut pas le tirer. Nous devons nous contenter de la petite grive qui s’envole, entre deux rangs de vigne, à quelques mètres de nous. Sur un coup de fusil, elle s’abat, et Rita, toute joyeuse, la rapporte bien vite...